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Tout Atout
19 novembre 2008

Gerschwin ou le corps dans tous ses états

 

Musique.Sur un écran placé au fond de la scène, des corps nus nagent dans notre direction.

Douceur.Rêverie.Fluidité.

Une invitation au voyage...

Voyage dans les méandres du temps, voyage dans l'Histoire.

Le corps comme porteur de mémoire, témoin de notre siècle malade, mais bien plutôt acteur en ce qu'il ne se trouve pas « en-dehors » de ce qu'il dénonce, mais tout entier impliqué, engagé: à la fois lieu de la folie du monde et d'une possible échappée.

Gerschwin, c'est aussi la traversée du miroir.

De l'autre côté se trouve le reflet d'une société qui n'a de cesse de s'y mirer: avec beaucoup d'humour et d'ironie, certaines scènes  mettent en lumière les valeurs prônées par une société narcissique et infantile: le culte de la beauté, de la minceur (largement diffusé par les médias: sur l'écran, on peut voir des visages filmés en gros plans qui se retournent en souriant tels les génériques nauséeux des séries b...)Société de consommation également, où l'individu, toujours en quête d'une satisfaction, d'une jouissance immédiate, n'est pas loin de se dévorer lui-même (je pense en particulier à une scène, absurde et très drôle -  notamment dans le parallèle avec la sexualité, le gâteau comme objet de jouissance – où une femme est à la dégoûtée et irrésistiblement tentée par un éclair au chocolat, qu'elle finira d'ailleurs par engloutir, presque jusqu'à l'écoeurement, non sans en éprouver honte et culpabilité).

Enfin, l'inconsistance, la futilité du discours (ambiant?) et notamment le discours amoureux  n'est pas non plus épargné (scène où les couples dans l'eau « glougloutent », scène où une femme ironise sur la recherche de l'homme- de l'amour idéalisé.)

Mais si Gerschwin nous met en prise avec les (dés)illusions d'une société qui court elle-même à sa propre perte (scène des châteaux de sable qui s'effondrent, qui dégoulinent), c'est aussi (et avant tout?) une histoire de corps, c'est le corps comme moteur, comme puissant vecteur de vie, le corps comme un langage dans une ambiance cabaret très festive qui s'inspire de nombreux univers: celui, burlesque des films muets- Charlie Chaplin - , le hip-hop (référence à la naissance de ce mouvement dans la rue aux Etats-Unis), la musique charleston des années 30, le mime (scène très impressionnante avec le « danseur-pantin articulé-mime-magicien » au début du spectacle), danse contemporaine, classique, claquettes...

C'est en ce sens là que le corps est une possible échappée, parce que toujours en mouvement, toujours tendu vers...

Histoire collective mais aussi histoire individuelle où chacun vient inscrire son corps de façon singulière, dans une partition très orchestrée: précision, technique, rythme, nervosité ; c'est la pulsion primitive du corps, son élan, mais dans une forme qui reste très maitrisée.

Et puis des corps ensembles, des corps qui se cherchent, s'affrontent, s'éprouvent sans forcément se toucher, des corps complices qui se défient...beaucoup de jeu aussi dans ce spectacle.

De toute façon, le corps qui s'impose, qui prend soudain tout l'espace (aussi ténu soit le mouvement).

Le corps comme une évidence.La vie.

TNB, samedi 18 octobre 2008

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